Quand j’étais plus jeune, j’attendais mon anniversaire de naissance avec impatience. Seule de ma fratrie à être née en automne, c’était un jour où j’avais l’impression d’être spéciale et unique. Même si la température était généralement moche, rien ne pouvait gâcher mon plaisir.
Ma mère me préparait mon repas préféré, poulet et pommes de terre en purée, quand j’étais jeune et non végétarienne, puis lasagne à l’adolescence. Évidemment, mon moment préféré était celui où arrivait le dessert. J’aimais faire un voeu, souffler les chandelles et ensuite savourer un gâteau au chocolat en gardant le glaçage pour la fin.
Les années ont passé, et mon anniversaire s’est déroulé autrement : sorties au restaurant ou dans les bars avec mes amis où le dessert était plus souvent sous forme liquide et enivrante. Mais chaque fois, avec ou sans dessert, la tradition de faire un voeu se perpétuait.
J’ai souhaité au fil des ans un jouet convoité, un boulot que j’aimais, trouver l’amour, guérir de ma peine d’amour, retrouver l’amour, être heureuse, avoir plus d’équilibre dans ma vie, apprendre à apprécier les petits bonheurs, etc.
Dans les dernières années je remarque, à l’approche de mon anniversaire, que le temps semble à la fois s’accélérer et ralentir. Le temps n’est pas linéaire, et vieillir est devenu de plus en plus relatif.
Certains jours, quand en faisant du vélo, je sens le vent emmêler mes cheveux j’ai l’impression d’avoir huit ans. Lorsque je mets plusieurs jours à rattraper mon énergie après une soirée qui s’est terminée aux petites heures du matin, je sens bien que mon corps n’a définitivement plus huit ans, ni même dix-huit!
C’est étrange cette sensation d’expérimenter deux états de façon simultanée. Se sentir à la fois jeune et vieille. Pleine de folie, d’aspirations, de rêves et aussi d’expérience et de sagesse. Avoir ce sentiment que ma vie ne fait que commencer et réaliser que ma fille aura bientôt dix ans. M’assumer de plus en plus tout en préservant mes parts d’ombre.
Le neuf novembre, à vingt-trois heures cinquante-neuf, j’aurai quarante-six ans. Je ne sais pas si un gâteau au chocolat avec des bougies m’attend, mais je ferai très certainement un voeu. La superstition veut que celui-ci soit secret, mais j’ai envie de vous partager le mien pour la prochaine année.
Je me souhaite de poursuivre ma quête de guerrière de lumière. Je me souhaite que d’autres joignent les rangs et brillent de tous leurs feux. Je nous souhaite encore plus de bienveillance et d’humanité. Je nous souhaite de relativiser et d’apprendre à accepter notre souffrance comme notre joie.
Je me (et nous) souhaite surtout de l’amour de soi.
S’il y a une chose que vieillir m’a apprise, c’est que s’aimer complètement pourrait prendre toute une vie, mais c’est en s’aimant un peu chaque jour qu’on apprend à aimer l’autre aussi.
Photo by Nikhita Singhal on Unsplash
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